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Etudiant à Sciences Po Rennes, passionné de musique, je publie ici mes textes, reports de concert, découvertes. Ancien membre du Cercle Des Elèves de Sciences Po Rennes (2009/2010). Membre des rédacteurs du programme et des quotidiens du festival des Bars en Trans (2008/2009/2010).

samedi 24 mars 2012

Les Femmes, ça fait pédé ...




La plupart des pédés vous le diront, il existe chez eux un sixième sens, le 'gaydar', cette faculté à sentir si un autre mec est homo. Technologie oblige, cette règle n'échappe pas à facebook et autres réseaux sociaux. Mes potes gays sont capables de passer des heures sur internet à mater des mecs et à se prononcer sur leur orientation. En général, après quelques secondes d'observation des photos de profil, quelques « alors, pédé ? Pas pédé ? » et autres « hum, ça sent quand même bien la passive », la confirmation définitive arrive en regardant les goût musicaux de l'individu en question.
« Mylène Farmer, Lady Gaga, Madonna ».
Sérieusement, autant se promener avec une plume dans le cul à la Gay Pride.



Etrange passion d'une part de la communauté homo, plus généralement queer, pour ces chanteuses pop à succès. Je me suis toujours demandé ce qui amenait des mecs à avoir cette adoration pour ces filles généralement sexuellement plutôt attirantes – enfin, à une certaine époque – alors que eux ne semblent ressentir aucune forme d'attraction sur ce plan pour ces artistes. Au-delà des trois précédemment citées, on retrouve pêle-mêle Kylie Minogue, Katy Perry, ou encore Britney. La liste est, bien entendu, longue et non-exhaustive.



Le succès de ses icônes généralement à la base gâtées par la nature s'explique sûrement par plusieurs facteurs : 
Le premier, évident, est que les gens beaux ou avec un style affirmé attirent. La séduction passe par le physique, et sa présentation, le look.

On rencontre dans la musique de ces chanteuses des compositions pop, très accessibles ; ici, aucun besoin de maîtriser des pans entiers de l'histoire du rock ou d'avoir passé des heures à décortiquer une intro, un refrain, afin d'en saisir le sens et l'émotion. On a affaire à une écoute facile, bien souvent qualifiée à assez juste titre de vulgaire par les mélomanes puristes. Néanmoins, aux vues du succès de ces icônes qui vendent des millions des disques, on est bien obligé de reconnaître que leur démarche fait preuve d'efficacité.

Loin des idoles kitch de la communauté LGBT telles que Dorothée ou Chantal Goya, qui incarnent une certaine innocence, ces 'nouvelles' icônes pop représentent un univers fantasmé dans lequel se reconnaît son public. Symboles d'une image forte de la femme, elles incarnent sans doute une forme de courage, à travers l'affirmation de leur sexualité, jouant sur les codes, trashs et faussement ingénues. Cependant, on ne peut vendre aux gays "du cul pour du cul". Si la sexualité des ces icônes est exacerbée par provocation et pour se démarquer, dans le but final de vendre, elle a bien moins d'impact sur une communauté qui n'éprouve pas fondamentalement de désir pour elles. Le jeu de la surenchère ne marche pas toujours. Alizée et les sous-entendus de ses chansons ont bien plus de succès que Clara Morgane au sein de la communauté LGBT. On peut vendre du cul, mais seulement avec style ; sans cela, aucun moyen de perdurer. C'est rassurant d'une certaine façon.

La multiplicité des champs artistiques dans lesquels évoluent ces chanteuses aide à diffuser leur image, les produits culturels qu'elles vendent, et leurs messages. Les collaborations entre ces artistes et les plus grandes marques de haute couture en fait état. Entre Madonna et Jean-Paul Gaultier, Lady Gaga et Alexander Mc Queen, puis Thierry Mugler, la liste est longue. Ces artistes touchent à tout jouent à la fois la carte de l'omnipotence (« je peux toucher à n'importe quel domaine ») et celle de l'omniprésence («Vous n'écoutez pas ma musique mais vous me retrouverez quand même sur les podiums»). Elles rassemblent d'autant plus que leur message a un large auditoire, et dans des domaines culturels réputés proches des communautés LGBT.

Ultime point, et pas le moindre, qui explique cet attachement entre le public gay et ces icônes pop, celui du soutien politique : dernière affaire en date, celle de Madonna, appelée par une partie de ses fans gays à annuler les dates de sa prochaine tournée en Russie suite à la mise en place de lois homophobes dans le pays. Certaines artistes ont bâti leur carrière avec le soutien d'une fanbase gay fidèle, et il apparaît comme légitime qu'elles leur rendent la pareille. C'est sûrement à cela qu'on reconnaît une relation durable.



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